Photo de Stephen Walker.
« Elle était pourtant une vraie professionnelle, voire une amie. Mais à son retour du confinement, ça ne passait plus » témoigne Justine à propos de Laura, une collègue de retour dans son entreprise située à Gerland, après le confinement.
« Depuis que je suis de retour, je ne comprends pas, les collègues me parlent à peine lors des pauses. À chaque fois que j’arrive à la machine à café, ils font comme s’ils avaient tout juste fini et retournent dans l’open space. Alors que pour certains, je vois bien qu’ils n’ont même pas commencé à boire leur gobelet brûlant ! » raconte Laura.
Après avoir enquêté, Laura a fini par comprendre que dans son entreprise de services informatiques, on n’aimait généralement pas les gens originaux. « Qu’elle n’ait pas pris un abonnement à Netflix passe encore, mais enfin, tous les collègues ont au moins fait leur propre pain, pendant le confinement ! Justine veut toujours faire son originale, elle n’est vraiment pas corporate ! Ce n’est pas comme ça qu’elle grimpera les échelons ici » témoigne, anonyme, un cadre de la société.
Laura s’est d’ailleurs assez vite rendu compte que depuis son retour, les projets les plus intéressants ne lui étaient plus confiés, alors qu’on lui avait promis de belles références clients avant le confinement.
Depuis effondrée et sur le point de faire un burn-out, Laura erre dans les couloirs « Mais j’y peux rien si je préfère les crêpes ! Dans les crêpes, il y a de la farine et de la levure aussi, je mettais même de l’eau en complément du lait… Et puis je laissais bien lever la pâte, je les faisais bien épaisses et je les roulais en sortie de poêle ! De loin, on aurait pu confondre avec une baguette de maïs, je vous jure ! »
S’en étant ouverte au CHSCT, elle aurait tout d’abord reçu un accueil très doux et empathique, mais lorsqu’elle confiait en fin de conversation et en larmes « Merci pour tout, en plus imaginez ça : je n’ose même pas dire que je n’ai pas fait de jogging tous les jours ! », elle se faisait sèchement raccrocher au nez et sa ligne serait depuis coupée.

Manéo Tinquen aime sa ville de Lyon depuis qu’il y a posé ses valises, à sa naissance.
Il a vu sa ville passer du statut de vieille bourgeoise guindée à néo-hypster-twee et ne sait pas vraiment si la direction est la bonne.
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